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Des hébergeurs web bloquent la désinformation russe

Des journalistes allemands enquêtant sur la désinformation russe ont poussé des hébergeurs web à fermer les comptes de leurs clients fautifs. Hetzner et Hostinger se sont ainsi trouvé contraints d’agir, après avoir été pointé du doigt par l’enquête des reporters.

Les deux sociétés européennes d’hébergement web ont donc suspendu certains comptes liés à la campagne de propagande russe Doppelgänger. Ces actions surviennent après que des chercheurs aient découvert que les opérateurs russes utilisaient l’infrastructure de certaines entreprises légitimes en Europe pour diffuser la désinformation.

Les actes reprochés aux comptes suspendus ne représentent pas seulement des violations des conditions d’utilisation des services des hébergeurs. Ils sont aussi des violations des règles internationales définies par l’ICANN et surtout, par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle. C’est pourtant le travail de journalistes qui a permis de mettre à jour ces actes passés sous les radars des hébergeurs web.

Dans cet article, nous aborderons en détails comment le réseau russe de désinformation Doppelgänger a réussi à contourner les défenses des hébergeurs web pour diffuser sa propagande. Vous verrez que même des années après le scandale lié à l’élection de Donald Trump, les “fake news” demeurent un sujet d’actualité.

Les hébergeurs web européens Hetzner et Hostinger au cœur de la désinformation russe

Les géants de l’hébergement allemand et lituanien, Hetzner et Hostinger, ont fermé les comptes utilisés par les opérateurs du réseau de désinformation russe. Ils ont confirmé au groupe allemand de journalisme à but non lucratif Correctiv, impliqué dans l’enquête Doppelgänger, avoir ainsi fermé des dizaines de sites frauduleux.

Les serveurs de Hostinger à Singapour ont notamment été utilisés pour exécuter plusieurs sites de propagande qui imitent frauduleusement des médias légitimes. L’entreprise affirme avoir mis fin à l’utilisation de ses infrastructures par Doppelgänger. Hostinger a notamment agit contre plusieurs versions fallacieuses du site israélien The Liberal, ainsi que plusieurs sites imitant des médias de langue allemande.

“Nous avons déjà élaboré un plan d’action pour limiter ce type d’abus à l’avenir”, a déclaré le porte-parole de l’entreprise à Correctiv.

Du coté de Hetzner, c’est sa la filiale finlandaise qui hébergeait quatre sites liés à Doppelgänger. L’entreprise a déclaré avoir bloqué le serveur utilisé les fautifs. Il faut cependant noter qu’au moment où Correctiv a publié son rapport, deux des quatre sites étaient toujours en activité.

La semaine dernière, des chercheurs des associations de droits numériques ont mis à jour le fonctionnement du réseau russe. Ils ont découvert une infrastructure située ou enregistrée dans au moins dix pays européens. Celle-ci est couramment utilisée par Doppelgänger pour diffuser sa propagande.

Cette réalité signifie que les entreprises européennes, sciemment ou non, mettent leurs services à la disposition d’une opération de désinformation contraire à l’intérêt de leurs propres nations, ont déclaré des chercheurs.

Doppelgänger: un réseau de désinformation au service du Kremlin

Le réseau Doppelgänger est présent en Europe depuis au moins le mois mai 2022, soit peu après l’invasion de l’Ukraine. Il est connu pour diffuser de faux articles sur des sites web qui ressemblent en termes de design à de vrais médias. Ceux-ci imitent notamment le journal allemand Der Spiegel et le britannique The Guardian.

Le but du réseau est de faire avancer les intérêts du Kremlin et semer la discorde parmi ses ennemis. Il vise ainsi principalement les États-Unis, le Canada et l’Europe de l’ouest, ainsi que les membres l’OTAN en général.

Certaines des entreprises identifiées comme été ciblées ont déclaré à Correctiv qu’elles ne savaient rien sur Doppelgänger. Aucune autorité n’avait non plus enregistré de plaintes contre elle. Les découvertes de Correctiv ont toutefois poussé certains “complices involontaires” à agir très rapidement.

Hetzner et Hostinger ont ainsi été les premiers à répondre au rapport et agir pour contrer le problème. Grâce à leurs actions, certaines publications attribuées à Doppelgänger sur Facebook et X, conduisent  désormais à un message d’erreur. Certaines des pages de propagande et des contrefaçon de médias légitimes ne sont donc plus accessibles du tout.

Les hébergeurs web peinent à identifier les sites utilisés pour la désinformation russe

Selon Antibot4Navalny, un groupe de bénévoles anonymes qui traque la désinformation russe sur X, il reste beaucoup de travail à faire. D’après eux, les actions contre le réseau n’ont touché qu’une fraction des médias clonés. Les sites supprimés représenteraient environ 35% des pages originales de Doppelgänger. C’est un peu plus d’un cinquième de toutes les pages de la campagne de désinformation. La majorité des sites du réseau continue donc d’échapper au contrôle et de se maintenir sous le radar des hébergeurs web.

Les actions de Hetzner et Hostinger semblent tout de même suffisantes pour handicaper le réseau russe. Au lendemain des blocages, la propagation de la propagande russe a réduit en ampleur. Les 14 et 16 juillet, la campagne n’a distribué que quatre liens à chaque fois lors de sa mise en ligne. C’est moins que jamais auparavant depuis la découverte du réseau en 2022, a déclaré Correctiv.

Les opérateurs de réseau russe tentent toutefois déjà de s’adapter au blocage, d’après les chercheurs. Ils auraient déplacé certains de leurs services de Hetzner vers une nouvelle adresse chez un hébergeur web russe. « Les anciens liens ne fonctionnent plus, tandis que les nouveaux mènent à des contenus qui n’ont pas encore été affectés par le blocage », indique un rapport de Correctiv.

Ces adresses russes devraient toutefois réduire l’efficacité de la propagande russe. De nombreux réseaux et logiciels signalent déjà les adresses russes comme “indignes de confiance”. Ils émettent donc déjà des averrtissements de sécurité, ou bloquent carrément le contenu.

Les médias imités tentent en vain d’agir eux-mêmes

Des médias bien connus dont les sites Web ont été émulés par Doppelgänger tentent également de fermer les faux sites Web. Malheureusement, ils ont rencontré très peu de succès dans leur lutte jusqu’à maintenant.

La Süddeutsche Zeitung avait déjà récupéré deux des adresses internet de la campagne dans une procédure de règlement des différends. Cependant, comme l’a déclaré à Correctiv un porte-parole de l’éditeur, une enquête ouverte suite à une plainte criminelle a été interrompue. Aucune explication n’est disponible quand à la raison de cet abandon.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung avait également envisagé une action en justice contre le réseau. Le média a finalement rejeté le projet, faute de perspectives de succès, selon le rapport.

Les autorités allemandes sont également au courant de l’abus des infrastructures européennes par Doppelgänger. Elles ne semblent toutefois pas prendre de mesures concrètes, a déclaré Correctiv.

Cela « soulève la question de savoir à quel point les autorités européennes luttent sérieusement contre la désinformation », a déclaré Correctiv.

Pour conclure sur les actions des hébergeurs web contre la désinformation russe

Le réseau russe Doppelgänger utilise des moyens très sournois pour répandre sa propagande. Il s’avère donc très complexe pour les hébergeurs web d’agir contre cette désinformation russe habilement dissimulée. C’est pourquoi plusieurs sites frauduleux poursuivent leurs activités sans être inquiétés.

On ne peut que saluer les actions de Hostinger et Hetzner, qui ont agit pour contrer le problème. Les sites bloqués par ces deux entreprises ne représente toutefois qu’une fraction de ceux utilisés par le réseau. Doppelgänger est donc toujours libre de distribuer sa propagande mensongère, même si ses capacités ont été réduites.

Les sites bloqués ont d’ailleurs déjà été déménagé chez des hébergeurs web russes, afin de poursuivre leurs opérations. Ce déménagement devrait toutefois grandement réduire leur portée. Les adresses IP provenant de Russie sont déjà bloquées ou signalées comme “à risque” par de très nombreux systèmes.

Nous espérons que cet article vous a plus et vous a éclairé sur les actions des hébergeurs web contre la désinformation russe. Si c’est le cas, nous vous invitons à consulter nos autres articles et comparatifs de notre blog. Vous y trouverez les informations les plus récentes sur l’industrie l’hébergement et sur la création de sites web.

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