22 Nov 2024
Olivier
L’industrie de l’hébergement web est déjà présente aux quatre coins du monde, mais un continent entier échappe encore à son influence: l’Antarctique. Ce vaste étendu glacé ne compte actuellement aucun serveur web, mais cette réalité est sur le point de changer.
Bien entendu, ce continent presque désert n’est pas destiné à accueillir des centres de données importants comme on voit ailleurs dans le monde. Il n’est donc pas question de millions d’appareils comme on trouve au États-Unis ou en Europe. L’objectif est plutôt de subvenir au besoins des équipes de recherche locales.
L’hébergeur web russe RUVDS a donc annoncé qu’il prévoit de livrer un premier serveur au pôle Sud en 2025. Cette unique machine constitue néanmoins une étape importante, dont la réussite dépend d’une organisation très complexe.
Ce n’est pas la première fois que RUVDS se lance dans un projet du genre. L’entreprise a déjà livré et opéré un serveur dans l’Arctique. Elle prévoit maintenant de utiliser son expérience pour faire de même dans les conditions encore plus difficiles de l’Antarctique.
Cette nouvelle expérience vise aussi à installer un canal de communication haute vitesse à côté du serveur. Ce serveur devra être isolé avec des équipements résistants aux intempéries pour protéger contre les températures extrêmes, et le système comprendra des alimentations électriques de secours.
RUVDS espère ainsi fournir un canal de communication haute vitesse et ininterrompue. Celui-ci permettra à tout utilisateur d’accéder à ce qu’ils appellent le « centre de données de l’Antarctique ». L’entreprise envisage actuellement différentes options pour livrer l’équipement, incluant notamment par avion ou par bateau.
Le PDG de RUVDS. Nikita Tsaplin, indique que la mission en Antarctique s’appuie sur leur expérience antérieure au pôle Nord. Au cours de ce projet précédent, l’entreprise réussi à lancer un serveur connecté au satellite de l’entreprise. Il espère maintenant reproduire ce succès, tout au sud de la planète.
« L’Antarctique, en tant que région présentant des conditions et une logistique beaucoup plus complexes, nous permet de poursuivre nos recherches à un nouveau niveau » M. Nikita Tsaplin, PDG de RUVDS.
L’objectif de la mission est tout d’abord de tester les capacités de communication dans cet environnement hostile. Il cherche toutefois aussi à explorer la possibilité d’une utilisation commerciale pour le serveur.
Dans le cadre de sa mission antérieure en Arctique, RUVDS avait déployé un serveur au camp polaire de Barneo. Il s’agit d’une station de dérive suisse, située sur les glaces de l’océan Arctique. Le serveur y avait été largué par un avion Ilyushin Il-76, avant d’être connecté au satellite de la RUVDS (lancé en 2023).
L’expérience dans l’Arctique a malheureusement pris fin plus tôt que prévu. Une importante fissure apparue dans la glace a nécessité une évacuation d’urgence du site. Malgré cela, la RUVDS considère son initiative comme un succès. Cette première tentative serait une étape cruciale ayant aider à comprendre les défis liés à l’exploitation d’une infrastructure de données dans des environnements extrêmes.
Malgré l’arrivée de l’hébergement web en Antarctique, le dernier continent qui échappait à sa présence, le monde est loin de jouir d’un accès égal au web. En réalité, Internet est univers concentré dans les pays les plus riches, et surtout aux États-Unis.
Selon les données de Statista datant de mars 2024, le géant américain compte 5 381 centre de données sur son sol. C’est plus de 10 fois plus que l’Allemagne (521), qui est le second pays comptant le plus de datacenters.
C’est donc près de la moitié des serveurs alimentant le web qui sont situés aux États-Unis. Malgré sa puissante économie centrée sur l’exportation de biens vendus via Internet, la Chine ne compte que 449 centre de données. Ce nombre la place en 4e place, entre la Grande-Bretagne (514) et le Canada (336), malgré sa population de plus de 1,4 milliards.
L’Amérique du Nord et l’Europe se trouve ainsi surreprésenté au sein de l’industrie mondiale de l’hébergement web. De vastes régions d’Asie et du continent africain sont presque entièrement dépourvues d’infrastructure web.
L’arrivée d’un premier serveur en Antarctique ne changera évidemment rien à ce déséquilibre planétaire. La Russie, qui est derrière l’initiative, souffre elle-même d’importantes lacunes en termes d’infrastructure web.
Le pays de 141 millions d’habitants compte déjà moins de centre de données (251) que les Pays-Bas (297) ou l’Australie (307). Plusieurs de ses centres sont également de très faible capacité et plus ou moins désuets, selon les normes occidentales.
Étant isolée du reste du monde par des sanctions étouffantes, il y a peu de chances que la Russie puisse développer à court terme, une infrastructure sérieuse et importante en Antarctique. Ce projet ouvre toutefois la voie pour Amazon et Microsoft, qui envisageait déjà ouvrir leur propres centre de données en Antarctique.
L’arrivée d’un premier serveur web en Antarctique représente un pas important dans l’expansion mondiale d’Internet. Le réseau planétaire sera désormais alimenté depuis tous les continents.
Malgré cette expansion géographique, le web demeure très inégalement réparti à travers le monde. Près de la moitié de tous les serveurs web sont situés au États-Unis, alors que des régions entières du globe en sont presque dépourvues.
Nous espérons que cet article vous a plus et vous a éclairé sur l’arrivée de l’hébergement web en Antarctique. Si c’est le cas, nous vous enjoignons à consulter nos autres articles.
Si vous êtes à la recherche d’un hébergeur web, nous vous invitons aussi à jeter un coup d’œil nos nombreux comparatifs. Vous y trouverez opposés plusieurs des meilleurs acteurs de l’industrie.