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Russie vs. hébergeurs web étrangers

Après près de deux ans de menaces et d’avertissements envers les hébergeurs web étrangers, la Russie est finalement passée à l’action. Les autorités russes ont réprimé les fournisseurs d’hébergement étrangers et les sociétés de services cloud, bloquant l’accès à leurs sites Web.

Ces nouvelles sanctions s’appliquent en vertu d’un règlement récemment renforcé, communément appelé “la loi de débarquement”. Celui-ci oblige les entreprises web étrangères avec un public russe quotidien de plus de 500.000 utilisateurs à ouvrir un bureau russe. Elles doivent également s’inscrire sur le site Web du chien de garde russe des télécommunications, Roskomnadzor.

Ne pas se plier à ces exigences peut entraîner des sanctions, telles que celles appliquées la semaine dernière. Le régulateur russe Roskomnadzor a ainsi bloqué des sites majeurs, tels que ceux d’Amazon Web Services et de GoDaddy. L’accès à ces sites Web a été bloqué parce que les entreprises n’ont pas respecté les exigences de cette “loi de débarquement”, d’après Roskomnadzor.

Plusieurs autres blocages sont entrés en vigueur depuis la mi-avril 2024. Roskomnadzor a également lancé des avertissements à d’autres sociétés, leur rappelant qu’elles sont également tenus de se conformer à “la loi de débarquement”. celles-ci incluent notamment, Hetzner Online GmbH, qui est l’un des plus grands opérateurs de centres de données en Europe, de même que l’hébergeur Web américain FastComet.

Plus tôt cette année, la Russie a déjà bloqué l’accès à huit autres hébergeurs web et registraires de domaines étrangers ne s’étant pas conformées à “la loi de débarquement.” Cette liste incluait notamment de IONOS, WPEngine, Network Solutions, DreamHost, HostGator, Bluehost, DigitalOcean et Kamatera.

Durcissement de la réglementation russe sur l’hébergement web

La “loi de débarquement” existe déjà depuis quelques années en Russie. Elle a toutefois été considérablement resserrée en décembre 2023. La nouvelle mouture se veut plus dure envers les fournisseurs mondiaux d’hébergement web et de services Cloud.

Elle inclut l’obligation d’ouvrir un bureau russe et un compte de représentation auprès de Rosokomnadzor. Les hébergeur web étrangers sont désormais obligés d’entrer dans un registre spécial du service fiscal fédéral. Ils doivent également identifier leurs clients par moyen de paiement, numéro de téléphone ou documents.

De nombreuses entreprises visées par la loi ont déjà restreint leurs activités en Russie dès l’invasion de l’Ukraine, en 2022. Elles entretiennent toutefois toujours des relations avec les clients existants dans le pays. Ces entreprises n’ont donc pas complètement quitté le marché russe.

Le blocage de l’accès aux sites web des entreprise n’est pas la seule arme de l’arsenal de Roskomnadzor. C’est toutefois sans doute le plus efficace. Le chien de garde russe pourrait aussi choisir d’interdire les paiements des clients russes aux hébergeurs web étrangers.

Une telle restriction ne s’appliquerait toutefois qu’aux banques russes. Elle aurait donc un impact très limité, car les hébergeurs étrangers n’ont généralement pas de comptes bancaires russes.

Pour se conformer pleinement à “la loi de débarquement”, les hébergeurs étranger avec un public quotidien en Russie de plus de 500,000 personnes doivent aller encore plus loin. Leur site Web doit notamment avoir une version russe complète et fonctionnelle. Ils doivent aussi faire de la publicité en Russie et accepter des paiements depuis les banques russes. Très peu d’entreprises étrangères se sont conformées à l’ensemble de ces mesures. 

Le contrôle du web en Russie: une pratique de longue date

Tout comme le gouvernement chinois, les autorités russes s’efforcent depuis des années d’accroître son contrôle sur l’accès de ses citoyens au web.

Dès 2016, la Russie avait déjà promulgué une loi sur le stockage des données personnelles. Celle-ci exigeait que les entreprises informatiques occidentales stockent les données personnelles des citoyens russes en Russie.

Cette loi avait mené à un long va-et-vient et une série d’amendes plutôt insignifiantes imposées aux géants informatiques étrangers opérant en Russie. La plupart d’entre eux ont toutefois fini par se conformer à cette loi, incluant Apple, Microsoft, Samsung et PayPal.

Certaines entreprises ont toutefois refusé de se conformer aux exigences russes. L’exemple le plus connu est sans doute celui de LinkedIn. La plateforme a été bloquée à travers la Russie à la suite d’une plainte déposée par Roskomnadzor.

Les autorités russes ont ensuite appliqué la “loi de débarquement” pour la première fois en 2022. Elle a alors permit de forcer le moteur de recherche russe Yandex à marquer Wikipédia, TikTok, Twitch, Zoom et d’autres géants technologiques étrangers comme des contrevenants à la loi.

Elle a également interdit pour un temps la publicité des services Google (Google Search, Google Play, Google Chat, YouTube et Gmail). Les revenus de Google en Russie sont peu importants, alors l’impact fut assez mineur pour le géant technologique américain. Google a tout de même choisi de prendre des mesures pour se conformer à la législation russe pour éviter le blocage.

La Russie a progressivement introduit de plus en plus de restrictions sur les entreprises informatiques étrangères depuis l’invasion de l’Ukraine. Ce contrôle accru est lié aux relations difficiles entre la Russie en Occident.

Celles-ci ont amené le gouvernement russe à adopter une politique visant à remplacer les solutions informatiques étrangères par des équivalents locaux. La justification donné pour cette politique est la sécurité nationale de la Russie.

Des hébergeurs web majeurs bloqués en Russie

La récente vague de blocages en Russie a touché de nombreux hébergeurs web et registraires de domaine étrangers. Même les plus grands noms comme Amazon Web Services, GoDaddy, l’ensemble du groupe Newfold Digital et la plateforme Shopify. 

8 des 10 hébergeurs web les plus populaires au monde se trouvent désormais bloqués en Russie. Seul Google a accepté de se conformé à la loi russe. Liquid web ne compte pas assez de client en Russie pour être ciblé par les exigences de la loi.

Le blocage de leurs sites web en Russie pourrait forcer les entreprises concernées à réduire encore davantage leurs activités locales, voire quitter totalement le marché russe. Certains hébergeurs dont AWS et Bluehost ont cessé d’enregistrer de nouveaux clients en Russie dès mars 2022.

GoDaddy a pour sa part cessé de vendre des noms de domaine dans les zones .ru et .ru.com. L’entreprise dessert cependant toujours ses clients existants. De son coté, Ionos a cessé toute coopération avec ses clients et revendeurs russes.

D’autres groupe comme Newfold Digital continuent de travailler avec leurs clients. Les sanctions affectant le système de paiement ne leur permettent toutefois pas d’accepter les paiements des banques situées en Russie.

Les sanctions contre les hébergeurs étrangers menace “la moitié de l’Internet russe”

Selon les experts, les récentes sanctions pourraient inciter certains clients russes d’hébergeurs web étrangers à changer pour des alternatives nationales. Leur application peut toutefois s’avérer à double tranchant, et complexe à maintenir à long terme.

À court terme, il est peu probable que les autorités russes bloquent tous les sites Web locaux hébergés par des fournisseurs étrangers. Malgré les sanctions et les complications qui s’appliquent depuis des années, plus de la moitié des sites web russes sont hébergés à l’étranger.

Si Roskomnadzor allait jusqu’à bloquer les adresses IP appartenant aux hébergeurs qu’il a sanctionné, la moitié de l’Internet russe cesserait de fonctionner. Cela inclut d’ailleurs plusieurs sites gouvernementaux et institutionnels. Même le site du Kremlin s’est trouvé en violation pendant quelques mois, avant de se conformer.

Les sanctions de la Russie contre les hébergeurs web et registraires de domaines étrangers sont de grande ampleur, et plutôt spectaculaires. Mais il est peu probable que Roskomnadzor se permette d’aller beaucoup plus loin au cours des prochains mois.

Pour conclure sur les sanctions de la Russie envers de nombreux hébergeurs web étrangers

Les plus récents blocages des hébergeurs web étrangers par la Russie sont d’une ampleur sans précédent. Les sites de 8 des 10 plus grands hébergeurs web au monde sont désormais inaccessibles dans le pays.

Le chien de garde russe du web, Roskomnadzor, vise ainsi à forcer les clients russes de ces entreprises à changer pour des alternatives locales. Ce nouveau durcissement vient toutefois mettre en lumière les difficultés des autorités russes à faire respecter leur législation.

Plus de la moitié des sites web russes restent hébergés à l’étranger, même si c’est interdit depuis des années. Roskomnadzor a donc peu de chances de pousser ses sanctions plus loin, avant que ce pourcentage ait considérablement diminué.

Nous espérons que cet article vous a plus et vous a éclairé sur les récents blocages des hébergeurs web étrangers en Russie. Si c’est le cas, nous vous invitons à consulter nos autres articles ainsi que nos classements des meilleurs hébergeurs web.

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